Les adultes et les enfants apparaissent inégaux devant l'allergie alimentaire. Si seulement 3,5 % des adultes y sont sujets, près de 10 % des enfants sont concernés. Comment reconnaître les symptômes ? Quels sont les aliments les plus souvent en cause ? Quels traitements privilégier ? Le point avec Doctissimo.
Les allergies alimentaires chez l'enfantLe tube digestif possède un très riche système immunologique local au niveau de la muqueuse, complété par un drainage ganglionnaire très important. Ce système protège l'organisme des antigènes viraux, bactériens et parasitaires par une réponse immunitaire efficace qui vise à les éliminer. Le système immunitaire doit également reconnaître les protéines alimentaires pour accepter leur passage à travers la muqueuse. Un aliment contient en effet de nombreuses protéines. Parmi elles, beaucoup se révèlent être des allergènes. Un aliment peut ainsi contenir une quarantaine d'allergènes différents.
Une prédisposition à l'allergie
La tolérance naturelle à des protéines alimentaires étrangères est une particularité biologique tout à fait originale. Chez certains enfants, il existe un terrain familial dit "atopique". L'atopie est une prédisposition génétique à élaborer des anticorps de la classe des IgE contre les allergènes naturels (protéines de l'environnement) entrant en contact avec l'organisme par les voies naturelles : peau et muqueuses (respiratoires, digestives).
Lait maternel et inflammation
Les allergènes alimentaires sont les premiers allergènes naturels à entrer en contact avec l'organisme. En effet, on sait que les allergènes alimentaires passent, à l'état de traces, dans le lait maternel. Ces très faibles quantités de protéines alimentaires servent sans doute au système immunitaire du bébé à mettre en place sa tolérance immunologique. Dans le cas d'un terrain atopique, il y a probablement un emballement des processus et la création d'une allergie alimentaire. Il est possible que l'allergie alimentaire soit aussi favorisée par l'existence d'une inflammation de la muqueuse intestinale sous l'influence de facteurs variés (infections virales, réaction au stress, destruction de la flore intestinale, irritation de la muqueuse digestive, présence d'une parasitose ou d'une candidose intestinale et toute cause d'augmentation de la perméabilité intestinale aux protéines des aliments).
Les symptômes
Le nourrisson peut se sensibiliser à l'aliment très tôt, même in utero pendant la grossesse. L'allergie alimentaire des nourrissons atteint souvent le tube digestif (vomissements, diarrhées, douleurs abdominales). Elle peut provoquer une atrophie villositaire totale avec diarrhée persistante comme c'est le cas dans l'intolérance au gluten. Chez l'enfant plus grand, les symptômes sont très divers : choc anaphylactique, urticaire, oedème des lèvres et de la langue, dermatite atopique, diarrhée, vomissements, coliques, eczéma, asthme, infections ORL à répétition, etc. La part de l'allergie alimentaire dans les chocs anaphylactiques par exemple est de 3 à 15 %. Dans l'asthme, elle serait responsable de 8 % des crises. Dans les dermatites atopiques (eczémas), certains avancent les chiffres de 30 à 50 %. Plus la dermatite atopique est sévère, plus il est probable qu'une allergie alimentaire soit en cause
Les principaux aliments en cause
Si les allergies alimentaires peuvent en théorie concerner tous les aliments, une vingtaine, selon le Pr. D.A. Monneret-Vautrin, d’aliments en France sont les plus souvent en cause. Certains allergènes sont responsables de 90% des cas d’allergies : oeufs, poissons de mer, cacahuètes ou arachides, noisettes et drupacées (amande, noix, abricot, cerise, coing, pêche, pomme, poire, prune, olives), lait de vache, céleri-rave, sel de céleri et autres ombellifères (anis, angélique, carotte, cerfeuil, coriandre, cumin, fenouil, persil, poivre vert), crustacés (araignée de mer, crabe, crevette, écrevisse, langouste, langoustine, homard). D'autres aliments sont plus rarement en cause (10 % des cas) : fruits exotiques (ananas, banane, fruit de la passion, kiwi, kaki, litchi, mangue, noix de coco, papaye), légumineuses (fèves, haricots, pois, pois chiche, soja), farine de blé, moule, boeuf, pomme de terre, noix, noix de coco, poulet, porc, moutarde avec un rôle inducteur possible des cataplasmes de moutarde dans l'enfance.
Les autres allergènes sont exceptionnels : ail, agneau, artichaut, calamar, café, châtaigne, chocolat, chou rouge, ciboulette, coquille saint-jacques, encornet, épices et condiments, escargot, fraise, gelée royale, lapin, laurier, lilicées, levure de boulanger, oignon, orange, pigeon, pistache, pollens, radis, raisin, rognons, sarrasin, sésame, tomate...
Avant l'âge de 1 an, les principaux allergènes sont l'oeuf, l'arachide et le lait de vache. Entre 1 et 3 ans, les principaux allergènes sont l'oeuf (31 %), l'arachide (18 %), le lait (12,5 %), le poisson (12,5 %), l'huile d'arachide, la moutarde.
Certains facteurs de risque ont été mis en évidence : la grande diversification de l'alimentation, l'emploi généralisé et croissant de protéines alimentaires additionnées aux préparations industrielles en raison de leurs propriétés, etc. L'industrie agroalimentaire introduit en effet sans arrêt de nouveaux ingrédients dans ses préparations.
Certains sont potentiellement allergisants :
* Nouvelles céréales ;
* Fruits secs variés (cacahuètes, noisettes, noix, pistaches, amandes) ;
* Fruits exotiques divers (kaki, kiwi, litchi, etc.) ;
* Graines variées (pavot, sésame, etc.) ;
* Additifs alimentaires protéiques variés (alpha-amylase, carmin de cochenille, caséinates, gommes végétales, lysozyme, etc.) ;
* Présence de traces de protéines dans les huiles végétales (arachide, noix, sésame, soja, tournesol) ;
* Protéines modifiées allergisantes (soja texturé, surimi de poisson, etc).
Le développement de l'allergie au latex est à l'origine d'allergies croisées avec certains végétaux. L'allergie aux colorants et autres additifs alimentaires est souvent suspectée mais difficile à démontrer. Les principaux additifs alimentaires incriminés sont surtout des colorants azoïques de synthèse comme le bleu patenté (E131), l'érythrosine (E127), le rouge cochenille A (E124) et le jaune de tartrazine (E1O2).
Le rôle des conservateurs chimiques est quant à lui mal connu. Les plus sensibilisants sont probablement ceux à base de métabisulfites de sodium (E222 à E227). Les sulfites sont si répandus dans l'industrie alimentaire et pharmaceutique que leur mise en cause n'est pas toujours possible.