Véritable problème de santé publique, les allergies alimentaires peuvent être graves, voire mortelles. Leur importance est en augmentation dans la population adulte et particulièrement chez les enfants. Enfin, la qualité de vie des malades et de leur entourage est considérablement altérée.
En janvier 2002, l'Agence Française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) dressait un état des lieux préoccupant.
Une pathologie qui peut être grave
Le boom des allergies alimentairesContrairement à une idée reçue, les allergies alimentaires peuvent être graves, parfois mortelle. Les conséquences les plus dramatiques concernent les réactions généralisées, en particulier les chocs anaphylactiques. Relativement rares chez les enfants, les chocs anaphylactiques et les oedèmes de Quincke sont plus fréquents à partir de l’adolescence. L’oedème de Quincke est une réaction allergique se produisant dans les tissus sous-cutanés. Il peut provoquer une asphyxie mortelle.
Face à de tels risques, le meilleur traitement reste malheureusement la prévention : il faut éviter tous les aliments en cause. En cas d’anaphylaxie, le traitement consiste en une injection immédiate d’adrénaline suivie d’une évaluation et surveillance en milieu hospitalier.
Le rapport précise que "dans de nombreux pays dont la France, la plupart des allergologues recommandent aux personnes possédant des antécédents d’accidents anaphylactiques de porter sur elles des seringues d’adrénaline prêtes à l’emploi".
Les formes sévères multipliées par cinq
Bien que peu de chiffres soient disponibles, les manifestations d’allergies seraient en augmentation depuis le début des années 1980 dans les pays développés : allergies alimentaires, mais également manifestations cliniques d’asthme, dermatite atopique, rhinite allergique, etc.
Le bilan de l’AFSSA rapporte qu'en France "entre les années 1982 et 1995, le nombre de formes sévères aurait été multiplié par un facteur 5". La dernière enquête épidémiologique à l’échelle nationale rapporte que 2,1 à 3,8 % de la population générale souffre d’allergies alimentaires. Bien que pouvant survenir à tout âge, les enfants sont les plus exposés.
Mais ce boom des allergies alimentaires est à relativiser. En effet, les professionnels de santé portent une attention accrue au diagnostic de cette maladie alors que ce n’était pas le cas auparavant. Cependant, selon le rapport de l’AFSSA, l’augmentation de ces chiffres pourrait également avoir d’autres explications parmi lesquelles :
* Des modifications des comportements sociaux avec l’exposition précoce des nourrissons à une plus grande variété d’allergènes (désaffection de l’allaitement maternel) ainsi qu’une sensibilisation éventuelle du foetus pendant la grossesse ou du nouveau né au cours de l’allaitement maternel ;
* Une modification de l’allergénicité des aliments pendant leur transformation industrielle. On note ainsi une augmentation des "allergènes masqués" qui regroupent les ingrédients dits protéiques (blanc d’oeuf, poudre de lait, etc.) et les contaminations survenues pendant les récoltes, le stockage, la fabrication ou le conditionnement des produits alimentaires.
Les aliments "coupables"
Sur le banc des accusés, les aliments les plus souvent mis à l’index sont :
* Chez l’enfant, l’oeuf est le premier allergène (34 % des cas), devant l’arachide (25 %), le lait (8 %) et le poisson (5 %) ;
* Chez l’adulte, les produits d’origine végétale occupent la première place avec notamment les fruits du groupe latex (14 %) suivis de près par les rosacées (13 %). Les fruits secs oléagineux et ombellifères représentent 9,5 % des cas.
Groupe latex
Bananes, avocats, châtaignes, kiwis
Groupe noix
Amande, noisette, noix, noix du Brésil, noix de cajou, noix de pécan, pignon, pistache
Ombellifères
Aneth, carottes, céleri, fenouil, persil, graines de carvi, graines d’anis, coriandre
Rosacées
Abricots, cerises, fraises, framboises, noisettes, pêches, poires, pommes, prunes
Légumineuses
Arachide, soja, pois, haricots, lentille, fèves
Tableau des principaux aliments allergéniques par famille
AFSSA - janvier 2002
Les malades connaissent une altération profonde de la qualité de vie due à la survenue des symptômes mais également à la difficulté de déceler les ingrédients coupables entrant dans la composition d’un produit. Enfin, malgré l’existence d’un projet d’accueil individualisé concerté avec les parents, la scolarisation de l’enfant allergique pose toujours problème. Les parents doivent gérer toutes les sorties de classe, les collations, les goûters, etc. Dans certains établissements, il apparaît même difficile d’inscrire son enfant à la cantine de son école.
David Bême
Source : Rapport de l’AFSSA, "Allergies alimentaires : état des lieux et propositions d’orientations", janvier 2002